Rédigé par Laetitia Theunis pour Studéo
Les confinements successifs ont impacté négativement le niveau de maîtrise de plusieurs prérequis chez les nouveaux étudiants. C’est ce que révèlent des tests réalisés à l’UNamur. A cela s’ajoute la persistance d’une importante disparité des profils à l’entrée de l’enseignement supérieur.
Depuis 2003, l’Université de Namur sonde les connaissances et les compétences de base de ses nouveaux étudiants au moyen de tests dénommés « Passeports pour le Bac ». Ils sont organisés chaque année durant la première semaine de l’année académique. En septembre 2021, 1.470 nouveaux étudiants en ont réalisé un ou plusieurs. Il en ressort que les confinements successifs ont impacté négativement leur niveau de maîtrise de plusieurs prérequis.
Difficultés en math et en compréhension à la lecture
« Les Passeports pour le Bac étant réalisé depuis plusieurs années, nous disposons de niveaux de référence. Pour la rentrée 2021, ces tests ont été présentés aux étudiants de la même façon que lors des années précédentes. Les résultats observés présentent une variation statistiquement significative par rapport au niveau moyen, on est au-delà de la marge d’erreur. Malheureusement, ils sont à la baisse. Et ce, que ce soit pour les compétences logiques, mathématiques ou en langue maternelle, en compréhension de texte », explique Pr Laurent Schumacher, Vice-Recteur à la Formation à l’Université de Namur.
Concernant spécifiquement les mathématiques, le niveau de maîtrise a chuté en représentation graphique, en traduction d’un langage vers un autre, en logique et théorie d’ensemble, ainsi qu’en géométrie. Le Passeport de lecture et compréhension d’un texte révèle, quant à lui, une affaiblissement significatif, en septembre 2021, concernant la compréhension des liens logiques dans un texte et la reprise d’un élément déjà mentionné.
« Des baisses significatives du niveau de maîtrise de certains prérequis avaient déjà été pointées lors de la rentrée de 2020. Les nouveaux étudiants des rentrées 2020 et 2021 étaient donc moins bien préparés à rencontrer les attentes de leurs enseignants, précise Pr Schumacher. Le seul élément qui semble expliquer ce décrochage est le scénario de la pandémie. » En effet, ces étudiants étaient dans l’enseignement secondaire lors des confinements. Alors en rhéto, ils avaient subi une forme de suspension de leur scolarité, puis avaient pu la poursuivre, mais dans des conditions qui avaient complètement changé, notamment avec l’introduction des cours en distanciel.
Démobilisation et éco-anxiété
Faisons un focus sur les évaluations universitaires de fin d’année. En 2020 et en 2021, elles ont été organisées en distanciel. Davantage d’étudiants les avaient alors passées, mais sans pour autant les voir couronnées de succès. En juin 2022, les examens se sont à nouveau déroulés en présentiel. A l’Université de Namur, a alors été observé, de manière plus intense que durant les années précédant la période de pandémie, un taux de non-présentation des examens de fin d’année académique.
Comment l’expliquer ? « Après discussion avec leurs étudiants, les professeurs nous font remonter un sentiment global de démobilisation, de difficulté à se mobiliser pour l’étude. Ils font le lien avec le fait que certaines évaluations en secondaire ont été annulées ou allégées : les étudiants auraient en quelque sorte des difficultés à remettre la machine de l’étude en route. Un autre élément est une perte de sens, de la pertinence de la formation initiale en tant que telle qui renvoie à d’autres considérations beaucoup plus sociétales. Et à l’éco-anxiété », explique le Vice-Recteur à la Formation de l’UNamur.
Un plus grande disparité dans les profils
L’analyse des résultats des Passeports pour le Bac met également en évidence la persistance d’une forte disparité du niveau des étudiants qui se présentent en première année à l’université.
« Dans le système belge francophone, il n’y a pas (ou peu, avec l’exemple de l’examen d’entrée en médecine, NDLR) de restrictions pour s’inscrire dans une filière à l’Université. Parmi les nouveaux étudiants, il y a des profils tout à fait préparés à entrer de plain-pied dans l’enseignement supérieur. D’autres le sont nettement moins. Avec les tests Passeports pour le Bac, nous intervenons plus en aval : ils permettent de dire individuellement à chaque étudiant s’il a des lacunes dans telles compétences. Des activités volontaires de remédiation concernant ces dernières lui sont alors proposées. Elles ont lieu de mi-septembre jusque fin décembre. »
Quid des cours préparatoires, lesquels se déroulent à la fin des vacances d’été, généralement dès la deuxième quinzaine du mois d’août ? « Ils mettent les étudiants dans le bain de l’étude universitaire, en posant déjà un certain niveau d’exigence. Mais comme ce sont des activités volontaires, généralement ces cours préparatoires ne touchent pas le public qui en aurait le plus besoin. Ils servent avant tout à rassurer les anxieux qui se demandent s’ils vont réussir leur première année de supérieur. »