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Le porno et les étudiant.e.s

« J’ai discuté avec mon coloc », c’est quoi ? C’est la rubrique dédiée aux opinions, billets d’humeur, coups de cœur et coups de gueule des étudiants. Pour chaque « J’ai discuté avec mon coloc », on aborde une thématique sous la vision d’un étudiant de Belgique francophone. Tu es étudiant·e et tu voudrais parler d’un sujet en particulier ? Contacte-nous.


L’autre jour, le sujet est tombé dans ma coloc : le porno. Cette chose si connue et « naturelle » dans le monde des hommes et si tabou dans le monde des femmes.

Il aura fallu que j’attende mes 24 ans pour (oser) regarder de la pornographie. Hé oui, même moi, j’en suis choquée. Et si j’ai passé le cap, c’est essentiellement parce qu’un mec me l’a proposé. (Ben oui, logique). Je me rendais bien compte que les garçons avaient une consommation assez régulière de ce genre de « film », mais ce n’était pas quelque chose qui m’intéressait. Mais pourquoi ?

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Je suis une femme voyons ! 

Je pense que, dans un premier temps, le sexe est toujours quelque chose de mal vu chez la femme. Celle qui aime « ça » est vite perçue comme une nymphomane ou pire encore comme une sal*pe. Et, à l’inverse, si la femme n’est pas « portée sur la chose », elle est prude, voire même une sainte-nitouche. Je pense que c’est pour cette raison que la masturbation féminine a pris tant de temps à devenir normale dans notre société (pour autant qu’elle soit perçue actuellement comme telle). Je range donc la pornographie dans la même case que la masturbation féminine. Les femmes peuvent facilement se sentir honteuse de regarder « ce genre de chose » (« mais enfin, voyons, tu regardes ça toi ? »). En France, seuls 28 % des utilisateurs de pornhub sont des femmes contre 72 % d’hommes. On est donc loin d’une égalité et d’une liberté sexuelle globale. Vous me direz peut-être que c’est parce que ça n’intéresse pas les femmes. Mais à nouveau, pourquoi ? Ne serait-ce pas dû à des constructions sociales ? Ou encore au fait que le porno est construit essentiellement (par et) pour les hommes ? 

Tu t’interroges sur la place de la femme, de l’accessibilité aux métiers et préjugés liés aux genres ? On discute simplement du féminisme !

Un monde rempli de déviances qui ne m’intéresse pas

Dans un deuxième temps, j’ai très vite diabolisé la pornographie. Et pour cause… Même si c’est certainement un divertissement intéressant pour certains (hum hum petit.e coquin.e), il ne montre pas la réalité et regorge tout de même de sacrés déviants. Vous avez certainement entendu parler du scandale de l’influenceuse Maeva sur le rajeunissement de vagin. En deux mots, elle est juste victime de ce que la société impose aux femmes : avoir un « beau » sexe, c’est-à-dire selon les normes (bien connes) d’avoir des petites lèvres bien rangées. Vous avez déjà vu des femmes dans du porno avec un sexe autre que celui normalisé par cette société ? Hé non ! Aucune petite lèvre ne dépasse. Heureusement qu’on a des séries comme Sex Education qui nous explique que « Toutes les vulves sont belles » (merci Aimee) et surtout uniques ! Dans ces films, on nous présente aussi des rapports sexuels qui durent des dizaines de minutes, voire même des heures, alors qu’à nouveau, la réalité est toute autre : la moyenne est de 20 minutes pour l’ensemble (parce que, you know, (ou petit rappel pour certain.es), il n’y a pas que la pénétration qui compte). 

Le porno peut donc très vite déformer notre vision de ce que sont les vraies relations sexuelles. Par exemple : non, la salive ne joue pas un rôle de lubrifiant, ça a même plutôt tendance à assécher les muqueuses. Et un dernier pour la route : non, les femmes ne jouissent pas « facilement » par pénétration vaginale. En effet, 80 à 95% des femmes ont besoin d’une stimulation clitoridienne pour atteindre l’orgasme. Un autre élément qui m’a choquée lors de mon unique visionnage de pornographie est la présence quasi constante du rapport anal. Sur toutes les différentes « chaines » que j’ai eu la chance (lolilol) de regarder (le mec me faisait un benchmarking du porno, rien que ça), je n’ai vu que ça. En réalité, la sodomie n’est pratiquée que par 1 personne sur 2. Ce n’est donc pas la totalité de la population, alors pourquoi cette présence aussi récurrente dans le porno ? Même si le porno est très diversifié, et que, selon les goûts, on peut avoir de tout, vous avouerez tout de même que, de manière générale, cette pratique est mise couramment en avant, non ?

Pour la liberté sexuelle et le plaisir mais …. 

Je suis pour la liberté sexuelle, je la prône depuis très longtemps. Je prône cette liberté tout de même à deux conditions : le respect des femmes et la normalisation de la réalité (la vraie). 

En effet, les femmes sont généralement dégradées dans le milieu pornographique et constamment réduites à l’état d’objet sexuel. Elles sont constamment soumises et la notion de consentement n’y est jamais ou rarement abordée. On rencontre même de la misogynie, de l’érotisation de la violence faite aux femmes et de l’idéalisation du sexe sans respect de l’autre. Il y a un réel sentiment de manque de considération de la femme. Il est donc plus que nécessaire que cette notion de respect soit intégrée au sein de la production de la pornographie.

Et puis surtout, on veut du vrai ! Les performances sont surjouées, ce qui montre des rapports sexuels irréalistes ou du moins une vision faussée du sexe. Or, une grande majorité de la population consomme du porno et celui-ci sert donc d’éducation sexuelle aux adolescents et même aux adultes. N’est-ce pas là le nœud du problème du sexe « pénétration-centré » ? L’oubli du clitoris ? Ou encore le suivi du schéma classique « préliminaire » – pénétration- éjaculation ? Parce qu’aujourd’hui encore, le rapport se finit généralement quand il y a eu éjaculation et l’objectif est bien la pénétration. Et pourtant la sexualité est tellement plus que ça, vous ne trouvez pas ? 

Le porno est sans aucun doute une source de plaisir, mais pas que… Il est également source de déviances. En intégrant déjà ces deux notions de respect et de « réalité », nous pourrions en retirer uniquement du plaisir (à consommer solo ou même à deux (voire plusieurs !)).  Moi, je suis pour du porno à gogo mais du porno vrai et respectueux, et vous ? 

Source : https://fr.statista.com/infographie/16432/proportion-de-femmes-visitant-site-porno-par-pays

Written by Guiot Orlanne

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