Rédigé par Gwendoline Cuvelier pour Studéo
Embaucher sur base d’un CV et d’une interview en face-à-face, c’est démodé. En 2022, de plus en plus d’entreprises font preuve de créativité pour engager leurs futurs collaborateurs : sport, escape game, jeux de rôles… Toutes les méthodes sont bonnes pour dénicher la perle rare. Plus elles sont informelles, mieux c’est.
Tenue sportive exigée
Si vous postulez chez Décathlon, ne soyez pas surpris qu’on vous demande de venir à l’entretien en baskets. Au sein de la chaîne de magasins de sport, il est de coutume de convoquer les candidats à une activité sportive. « Pas besoin d’être un athlète de haut niveau pour travailler chez Décathlon, rassure Jonathan Yernault, directeur Décathlon Anderlecht. Par contre, être sportif est une condition sine qua non pour intégrer l’équipe. C’est une des bases de la culture d’entreprise et le lien qui unit tous les employés. » La preuve : chez Décathlon, on ne parle pas de collègues mais de coéquipiers. Peu importent les performances, ce sont les valeurs associées à la pratique régulière d’une activité physique qui intéressent les dénicheurs de talents. « La vitalité fait partie des quatre qualités principales recherchées chez tous les collaborateurs », développe Jonathan Yernault.
Casser les codes
Depuis sa création il y a 5 ans, l’enseigne de magasins bio The Barn met également ses candidats à l’épreuve lors de ses entretiens d’embauche. L’entreprise organise chaque mois une journée entière de recrutement collectif mêlant discussions, jeux de rôles et match de frisbee. « On réunit environ huit postulants auxquels on demande de se libérer pendant 6 heures. Le but est de prendre le temps de faire connaissance par différents moyens ludiques et de sentir qui pourrait matcher avec l’ADN de la société » explique Julien de Brouwer, le cofondateur. Après une première sélection classique, le promoteur immobilier belge Unibricks invite quant à lui ses postulants à une deuxième étape surprenante : un escape game. « Les candidats participent à un jeu d’évasion tous ensemble. Pendant qu’ils coopèrent et résolvent les énigmes, nous les observons avec une caméra » relate Alessia Du Ban, chargée des ressources humaines.
Faire tomber les masques
Analyser les comportements des candidats sur un terrain de frisbee ou dans une escape room s’avère bien plus instructif qu’une interview formelle, selon les trois recruteurs. « On remarque tout de suite qui sont les leaders, les observateurs et les suiveurs » détaille Alessia Du Ban. « Impossible de tricher pendant le sport. Les masques tombent et chacun dévoile son vrai visage. Chassez le naturel, il revient au galop ! » constate Jonathan Yernault.
Chez Décathlon comme chez The Barn et Unibricks, on engage avant tout sur base de la personnalité. Le diplôme n’a pas d’importance, c’est le potentiel qui est examiné à la loupe. « On part du principe que si la personne est curieuse, autonome et qu’elle partage les valeurs de l’entreprise, elle apprendra le métier grâce à la pratique et aux formations offertes par Décathlon » souligne Jonathan Yernault. « On cherche en priorité à engager des profils respectueux, loyaux, avec lesquels on pourra établir une relation de confiance à long terme », insiste Alessia Du Ban.
Un management à l’horizontal
Fini le temps du grand patron recevant chaque candidat l’un après l’autre dans son bureau. Chez The Barn et Décathlon, tous les employés peuvent devenir recruteur s’ils le désirent, après avoir suivi une formation. « C’est une façon de responsabiliser l’équipe. Nous leur faisons entièrement confiance pour choisir leurs futurs collègues en accord avec les valeurs de la société » précise Julien de Brouwer. La procédure prend du temps et monopolise beaucoup de gens mais est indispensable selon le cofondateur de l’enseigne bio : « Notre personnel est notre force. Aujourd’hui, on peut compter sur 130 employés motivés, qui proposent des initiatives et font grandir tous les jours l’entreprise. »
Ces entretiens d’embauche informels et conviviaux collent à l’image de ces enseignes jeunes et dynamiques. « Nous proposons une activité qui nous ressemble et reflète l’état d’esprit de l’entreprise afin que les candidats retenus acceptent le poste par envie de venir travailler chez nous et pas uniquement parce qu’ils ont été choisis », explique Alessia Du Ban. « À la fin de la journée, les échos sont toujours positifs. Même ceux qui ne sont pas engagés nous remercient pour ce moment agréable passé en notre compagnie » rapporte Jonathan Yernault. Son de cloche identique du côté de chez The Barn qui constate que ces journées de recrutement vont jusqu’à leur faire « gagner de nouveaux ambassadeurs ».