L’Université de Namur (UNamur) a organisé mardi un escape game afin de former ses étudiants en médecine à repérer les signes de violences conjugales. Il s’agissait d’une première en Wallonie.
Cette formation sous forme de jeu a été imaginée par deux enseignantes de la Haute École de Namur-Liège-Luxembourg (Hénallux). Elle s’adressait aux étudiants en Bac 3 de médecine dans le cadre de leurs cours de “Communication professionnelle en santé”.
Le but de l’escape game était de former les étudiants à repérer les signes, les mots ou encore les comportements qui pourraient révéler des violences conjugales. Cela, afin de les appliquer à leurs futurs patients, en particulier pour ceux qui exerceront en tant que médecins généralistes. Le jeu ciblait notamment le cas des femmes enceintes, considérées comme public à risque.
Après avoir regardé une courte vidéo décrivant le profil d’une femme, les étudiants avaient en main les indices pour répondre à différentes énigmes répondant à des objectifs pédagogiques précis. En petits groupes, ils ont ensuite eu 45 minutes pour “oser poser les bonnes questions” comme ils devront le faire plus tard avec leurs patients.
Ce jeu déjà proposé aux étudiants sage-femmes de l’Hénnalux a été développé en collaboration avec le centre de formation Form@Nam et a notamment reçu le prix Solidaris en 2022. Le proposer aux étudiants de l’UNamur apparaissait comme une suite logique dans une approche interprofessionnelle.
“D’une part, l’aspect ludique permet d’aborder ce problème grave et sensible en favorisant une certaine distanciation par rapport au thème”, a expliqué Hélène Givron, coordinatrice pédagogique et maître en conférences au département de psychologie de l’UNamur. “D’autre part, en confiant cette sensibilisation à des enseignantes sages-femmes (issues de l’Hénallux, ndlr), nous démontrons auprès de nos étudiants toute l’importance de la collaboration et de la communication interprofessionnelles dans le domaine des soins aux patients.”
“L’enseignement de la communication interprofessionnelle en santé est encore trop peu présent dans la majorité des cursus en médecine. Pourtant, 70% des erreurs médicales sont dues à des erreurs communicationnelles”, a-t-elle ajouté. En outre, la littérature indiquerait que les médecins ne se sentent pas suffisamment formés pour identifier et aborder les violences familiales avec leurs patients. C’est plutôt la loi du silence qui serait dès lors d’application, alors que les évoquer habilement s’avère déterminant. C’est donc à ce besoin de formation que répondait l’escape game, précise encore l’UNamur. (INT, GEN, COR730, MEB, PHD, DDM, fr)