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Concrétiser ses rêves d’expédition avec Cap Expé

Rédigé par Laetitia Theunis pour Studéo

À Louvain-la-Neuve, la communauté Cap Expé encourage à concrétiser ses rêves d’expédition. Par le partage d’expériences et en favorisant la débrouille.

Une aventure engagée en ski de randonnée en tirant une pulka dans le blizzard du cercle arctique, une descente en pack raft des petits cours d’eau belges, une randonnée pédestre en itinérance sac au dos dans les confins de la Géorgie ou encore trois jours de bivouac et d’escalade dans la forêt de Fontainebleau. « Qu’importe le niveau de l’aventure et sa technicité, l’important, c’est de devenir autonome. La communauté Cap Expé ne va pas organiser l’expédition à ta place, mais te donnera des conseils pour t’aider à mettre tes rêves en musique », explique Dominique Snyers, fondateur de Cap Expé. Toutes les deux semaines environ, lors de la soirée porte ouverte doublée d’une auberge espagnole au QG louvaniste, des jeunes et moins jeunes, femmes et hommes, font part de leur projet d’expédition et prennent conseil auprès de ceux qui sont déjà allés dans la région rêvée.

Dans la vision défendue par Cap Expé, une aventure se vit dans le dépouillement, avec le moins possible dans le sac. Tout seul ou en groupe ? Les deux sont envisageables. Mais le cœur de Dominique Snyers penche du côté du second. « Ce groupe, il a fallu le former, décider ensemble d’une aventure et la préparer. Puis la vivre à fond, avec les bons et les mauvais côtés, les sourires et les crises. Et, enfin, la raconter, car une aventure non partagée à la communauté, c’est un objet de consommation. Cela forme un tout. »

Médiatisée, l’aventure est aujourd’hui un produit. Les films relatant des expéditions sont sponsorisés par des grosses marques d’équipements outdoor ou de boisson énergétique. C’est une machine commerciale bien huilée. « Chez Cap Expé, on prend le contre-pied. Chez nous, pas de sponsor, le financement se fait par vous-même, que vous soyez étudiant ou déjà sur le marché du travail. C’est beaucoup plus efficace, économiquement parlant, d’utiliser son énergie à réduire les coûts de l’expé plutôt que de courir les sponsors. Ceux-ci ne donneront jamais du cash, mais trois T-shirts ou trois mousquetons, exigeant en retour que le bénéficiaire fasse le clown sur des photos ou des petits films à diffuser sur des réseaux sociaux. C’est-à-dire des choses que le voyageur n’avait pas spécialement envie de faire et qui vont, finalement, augmenter ses coûts. » 

« Moins tu dépenses, plus tu t’amuses »

« Pour qui veut rester autonome, il faut se libérer du monde commercial. Une aventure n’est pas quelque chose que l’on achète, mais quelque chose que l’on s’invente. Notre philosophie, c’est moins tu dépenses, plus tu t’amuses. C’est donc le monde de la débrouille. Dans cette optique, le mieux est d’entrer dans une économie circulaire. Il ne s’agit pas que chaque individu s’équipe avec du matériel super cher, mais plutôt d’avoir un bien commun –  du matériel technique, des tentes, des crampons, des piolets, des pack rafts etc. – qui se partage dans la communauté. C’est à prix libre, selon ses moyens financiers. Les jeunes donnant souvent moins que les plus âgés, il s’agit d’une entraide intergénérationnelle. Et cela constitue une tirelire commune. »

Les membres de la communauté se prêtent aussi leur propre matériel. Prenons l’exemple d’un jeune de 28 ans qui, depuis qu’il a fondé une famille, n’a plus le temps d’explorer autant de voies d’escalade qu’il le faisait auparavant. Son matériel, il est ravi de le prêter à un grimpeur plus jeune. Lors du prêt, ils prennent l’apéro ensemble. Le jeune partage son projet d’aventure, le plus âgé sa vie de jeune papa. « Au retour de l’expé, quand il vient rendre le matériel emprunté, le jeune raconte ce qu’il a vécu. Il y a un échange humain très fort qui se fait à travers ce prêt de matériel. » Et si le matériel est endommagé ou perdu ? Cap Expé fonctionne comme une assurance. Au départ du pot commun, l’asbl va le rembourser ou le renouveler. 

Raconter l’aventure vécue est une pierre angulaire chez Cap Expé. « Il n’y a pas d’aventure sans partage. Quand tu reviens d’une expé, il y a une d’étape d’intériorisation concernant ce que tu as vécu et les éléments qui t’ont fait grandir. Cela, nous demandons que tu le racontes à la communauté. Pas la photo prise au sommet d’une montagne deux doigts en V dressés en l’air, pour montrer que tu l’as fait. Ce qui est intéressant, ce sont les moments de faiblesse, ce qui a été difficile à vivre, mais aussi les moments de découverte, de plénitude, les couchers de soleil. Il s’agit donc de partager des émotions. » Comment faire ? En partageant le récit de l’expérience sur le site capexpe.org, qui est la mémoire de la communauté depuis 25 ans. « Partager son expérience donne envie à d’autres de concrétiser leurs rêves d’aventure », conclut Dominique.

Laetitia Theunis

Le magazine de l'étudiant

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