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Faire un stage en aidant les autres : le projet “Bienvenue en français” ?

Rédigé par Caroline Dunski pour Studéo

En janvier 2021, grâce à une collaboration avec le Master en langues et littératures françaises et romanes de l’UCLouvain, l’Antenne Brabant wallon de la Plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés lançait un programme de cours de français langue étrangère niveau débutant pour les personnes en migration.

Leslie Vansteenwinckel a rejoint le programme « Bienvenue en français ! » au lancement de sa deuxième édition. Alors que sa famille décidait de faire un break dans l’hébergement de personnes en migration, cette formatrice de français langue étrangère (FLE) souhaitait trouver une autre forme d’engagement volontaire au sein de la plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés. « Je n’avais pas envie de décrocher totalement, parce que la question demeurait importante pour moi et que je continuais d’adhérer totalement au combat mené par la plateforme. Je suis donc allée trouver Anne-Catherine De Neve, coordinatrice de l’antenne du Brabant wallon, et lui ai proposé de m’investir dans le projet. »

Désormais, l’habitante de Genappe coordonne les différents acteurs du projet pour en assurer le bon fonctionnement. D’une part, les étudiants de l’UCLouvain en première année de Master en langues et littératures françaises et romanes, orientation français langue étrangère, qui sont invités à faire toute une série de stages, dont un au sein de la plateforme sous la supervision de l’équipe enseignante et, d’autre part, le public de migrants qui viennent suivre les cours ainsi qu’une petite dizaine de bénévoles qui font du coaching individuel pendant une heure chaque semaine.

Hors des filières classiques de FLE

Destiné aux personnes en migration, le projet a été créé pour toutes les personnes écartées des filières classiques de FLE. Les cours de niveau débutant sont accessibles quel que soit leur statut administratif : sans papier, en demande d’asile ou disposant de la protection internationale. Les places disponibles sont attribuées en priorité aux personnes qui n’ont pas accès à des formations en langue dans d’autres structures, quelle qu’en soit la raison.

« Comme les apprenants forment un public qui bouge, leur nombre est très fluctuant. Au plus fort des inscriptions, il y a une quinzaine de personnes, mais au fil du temps, leur nombre va diminuendo. Il n’y a aucune exigence d’aptitudes pédagogiques à l’égard des bénévoles de la plateforme qui forment les duos avec les apprenants. Ce sont des gens comme vous et moi qui ont envie de s’engager. Ils consultent les supports de cours et, en fonction de ce qui a été vu au cours la semaine précédente, ils orientent les conversations pour favoriser la mise en pratique orale et réactiver la matière vue avec les stagiaires de l’UCLouvain. »

Être acteur de son apprentissage

Le module démarre toujours par une ou deux journées d’accueil avec des activités de groupe destinées à briser la glace et instaurer un climat de confiance. Il était prévu que les bénévoles et les apprenants fassent des sorties culturelles, mais avec l’obstacle du Covid Safe Ticket (CST), la plateforme citoyenne a dû revoir ses ambitions. Elle a néanmoins proposé quelques activités sportives, comme des cours de yoga, des matchs de foot ou des visites de la ville, pour créer une cohésion de groupe. « Au-delà de l’apprentissage linguistique, ce qui est super important, c’est la dimension sociale du projet pour des personnes qui sont en attente d’un statut, d’un futur en Belgique. Parfois, ils sont en panne d’activités. Les cours de français ne suffiront jamais à devenir de parfaits francophones, mais, avec ce projet, les apprenants se mettent en route, peuvent créer des liens, s’inscrire dans le tissu social de Louvain-la-Neuve, voir du monde et avoir un projet d’avenir. Ils obtiennent une certaine reconnaissance et deviennent acteurs de leur apprentissage, ce qui est un sacré moteur. » 

De son côté, Fanny Riche, qui était stagiaire l’an dernier, est devenue coordinatrice pour l’UCLouvain. « L’année passée, avec le Corona, la plupart des stages pour le FLE sont tombés à l’eau. L’UCLouvain a dû trouver une solution. Anne-Catherine De Neve nous a offert une solution sur le plateau. En dernière minute, avec la coordinatrice d’alors, quelques étudiants et moi avons réalisé un syllabus de A à Z et des supports de cours adaptés à ce public. Habituellement, ce sont des étudiants Erasmus qui suivent ces cours. Ce projet est très enrichissant pour les stagiaires, parce qu’il n’y a pas de langue commune avec les apprenants qui ne parlent pas anglais ou pas bien du tout. » 

Aujourd’hui, par ailleurs enseignante dans une école secondaire, Fanny Riche assure donc le rôle de coordinatrice pédagogique entre l’UCLouvain et la Plateforme citoyenne, en collaboration avec Leslie Vansteenwinckel et Anne-Catherine De Neve. Elle gère le planning des stages, les dates de sessions, les horaires de cours, et organise les tests de placement des apprenants dans le niveau adapté à leurs compétences en français. Elle est aussi maître de stage. C’est elle qui vérifie les préparations des stagiaires, les accompagne, les coache et les conseille sur les points à améliorer. Une belle façon de rester en contact avec une réalité qui l’avait bouleversée lors de son stage.

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